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L'avis de Bertrand Vergely sur l'idéologie du Genre

5 Décembre 2013 , Rédigé par Webmaster Publié dans #Genre, #Vidéos

Bertrand Vergely est philosophe et théologien. Normalien, agrégé de philosophie et professeur de khâgne, il enseigne également à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'Institut Saint-Serge. Il est l'auteur de plusieurs livres dont notamment La Mort interdite (J.-C. Lattès, 2001), Le Silence de Dieu : face aux malheurs du monde (Presses de la Renaissance, 2006) ou Une vie pour se mettre au monde (Carnet Nord, 2010).

Ce qui suit est un interview de Bertrand Vergely, réalisé sous le titre « Mauvais genre » par le site Atlantico, et publié le 4 juin 2013.

Pensée au départ par une philosophe américaine, Judith Butler, la théorie du genre se propose de subvertir l’identité sexuée telle qu’elle existe à travers la différence sexuée, cette différence étant jugée artificielle, tout le monde ayant du masculin et du féminin et pas simplement du masculin ou du féminin.

Q - Atlantico : Les magistrats vont recevoir une formation à la lutte contre les discriminations en matière d’orientation sexuelle. Le SNUipp-FSU, principal syndicat d'instituteurs et de professeurs des écoles, entend participer dans les maternelles et les collèges à cette campagne de sensibilisation. Assiste-t-on à une accélération du phénomène "mariage pour tous" ?

Bertrand Vergely : On n’assiste pas tant à une accélération du phénomène "mariage pour tous" qu’au dévoilement de sa partie cachée. Quand il a été question du mariage pour tous, nombre de ceux qui se sont prononcés « pour » l’ont fait en pensant être tolérants et donner aux homosexuels le droit de s’aimer. Ils n’ont nullement aperçu ce qu’il y avait derrière. Christiane Taubira dans son discours de clôture de la loi du mariage pour tous a annoncé qu’elle désirait une "nouvelle humanité". On y est. Nous n’assistons pas à une accélération du mariage pour tous et de la tolérance. Nous assistons au début des choses sérieuses. Le véritable mariage pour tous avec ses conséquences est en train de se mettre en place. Vincent Peillon, ministre de l’Education, a expliqué que le but de cette campagne de sensibilisation était d’émanciper l’élève "en l’arrachant à ses déterminismes sociaux et familiaux". Il a appelé de ses vœux pour cela à la "déconstruction de la différence sexuée". Nous avons là le véritable enjeu du mariage pour tous.

Prônant en apparence la tolérance pour tous afin de plaire à la foule, son but est en réalité de déconstruire la différence sexuée afin de produire une nouvelle humanité. Il s’agit là pour la gauche d’une nécessité vitale. Se proposant comme but d’être la religion de l’humanité capable de sauver celle-ci, mais incapable d’y parvenir actuellement sur le plan économique, celle-ci a absolument besoin d’un marqueur idéologique. Le mariage pour tous est pour elle une aubaine. Grâce à lui, elle va pouvoir apparaître comme la force qui change le monde.

Q-Faut-il s’en inquiéter ?

BV- Bien évidemment, ce qui est en train de se passer étant d’une violence inouïe. Profondément ignorante parce que non éduquée aux choses de la vie et de l’amour sinon à travers des bribes d’informations glanées ici et là, la société française croit que le mariage est fait pour s’aimer et avoir une sexualité.

En ce sens, elle est amenée à penser que tous les mariages se valent et qu’il est possible de mettre sur le même plan le mariage homo et le mariage hétéro. Il importe de le rappeler ; le mariage n’est pas fait pour faire l’amour et s’aimer mais pour faire la vie. Faire l’amour, on peut le faire avec quantité de partenaires sans avoir besoin de se marier pour cela. Faire sa vie, on ne le fait qu’avec une personne. Faire sa vie avec un être veut dire partager sa vie avec lui mais aussi faire des enfants afin de reproduire la vie. Même si tous les couples hétéros qui se marient ne font pas d’enfants, le sens profond du mariage demeure celui-là. Faire la vie et non l’amour, et donner la vie. Dans ce cadre, l’hétérosexualité n’est pas simplement une pratique sexuelle. C’est un fondement de la vie. Seul un homme et une femme peuvent donner la vie. Deux hommes, deux femmes ne le peuvent pas. Aujourd’hui, ces vérités de base sont niées. Le sens du mariage étant ramené au droit à la sexualité et la différence homme femme permettant la vie étant ravalée au rang d’une pratique sexuelle comme une autre, on assiste aujourd’hui à un mensonge sans précédent 1) sur le sens du mariage, 2) sur le fondement même de la vie et de sa diffusion. C’est la raison pour laquelle il importe de s’inquiéter et plus encore d’être horrifié par ce qui se passe. Sous prétexte d’être tolérant, en fait, le mariage pour tous qui vient d’être voté ne respecte rien. Ni le mariage, ni la vie. C’est un mariage nihiliste, reflétant un monde nihiliste qui mélangeant inconscience, désinvolture et cynisme, est en train d’attaquer les fondements de notre humanité. Et ce qui est plus inquiétant, c’est le système qui est en train de se mettre en place autour de ce mensonge. Voilà que l’éducation est mise à contribution afin d’informer les enfants dès l’âge de cinq ans afin, soi disant, de lutter contre l’homophobie. Le fait que l’on prenne ainsi les enfants dès le plus jeune âge afin de les formater est un fait sans précédent. Que l’on sache, les ligues de lutte contre le racisme et l’anti-sémitisme n’ont pas droit à un même traitement de faveur. En outre, autre fait sans précédent, l’empressement avec lequel le mariage pour tous s’accompagne de mesures d’éducation. Que l’on sache, jamais aucune loi n’a été suivie de telles mesures d’accompagnement théorique. Le choix de l’âge des enfants à qui un enseignement spécial va être adressé. Cinq ans ! Cela fait froid dans le dos.

Enfin, la perversité du procédé utilisé. Que vont entendre les enfants ? Qu’il y a plusieurs familles possibles liées à plusieurs façons d’aimer possibles. Résultat : l’idée qu’il faut un homme et une femme pour faire un enfant va se fondre parmi les possibles existants comme un possible parmi d’autres. Et le tour sera joué. Vincent Peillon pourra se réjouir. La différence sexuée aura été déconstruite. Christiane Taubira pourra également se réjouir. La nouvelle humanité dont elle rêve sera née, les nouveaux enfants issus de cette nouvelle humanité pensant spontanément qu’un homme et une femme ne sont pas forcément indispensables pour faire un enfant, puisque, ayant appris qu’une famille se fabrique de façon différente à partir de différentes façons d’aimer et d’avoir une sexualité, l’enfant qui saura tout de la sexualité ne saura plus rien de l’amour. Déjà les projets de Procréation médicalement assistée (PMA) et de Gestation pour autrui (GPA) ne respectent pas l’enfant en faisant de lui un objet que l’on fabrique et que l’on marchande. Ici, ce n’est pas le statut de l’enfant que l’on va violer mais sa conscience en lui imposant un lavage de cerveau lui interdisant d’avoir accès à la notion de filiation, celle-ci se diluant dans le magma des pratiques sexuelles. Tocqueville pensait que le problème de la démocratie réside dans la tyrannie de l’opinion. Avec la tyrannie actuelle du "pour tous", on y est. On va même droit vers un monde totalitaire, la prise en main de la conscience des enfants en étant l’illustration.

Q - Sur quoi se fonde la théorie du genre ?

BV- Pensée au départ par une philosophe américaine, Judith Butler, la théorie du genre se propose de subvertir l’identité sexuée telle qu’elle existe à travers la différence sexuée, cette différence étant jugée artificielle, tout le monde ayant du masculin et du féminin et pas simplement du masculin ou du féminin.

D’où la récusation de la notion de genre en déniant à l’hétérosexualité le fait d’être effectivement un genre, afin de remplacer cette idée par cette autre idée qu’il n’y a pas de genre. Cette théorie dit vrai quand elle rappelle que la sexualité a été construite au cours des siècles par la culture. Elle ment et elle délire en revanche quand elle prétend qu’il n’y a pas de genre.

Genre venant du verbe générer que l‘on retrouve dans le verbe engendrer, le genre signifie que l’on est capable de donner la vie, de générer, d’engendrer. Ce que l’hétérosexualité est en mesure de faire et non l’homosexualité.

La loi Taubira ment donc quand elle proclame l’égalité de genre entre les hétérosexualités et les homosexualités. Elle ment parce qu’elle fait croire que l’homosexualité est un genre alors que celle-ci n’est pas capable. En fait, la théorie du genre ne mérite pas son nom puisqu’elle laisse croire qu’elle parle du genre alors qu’elle aspire à le détruire. Robert Antelme a écrit un ouvrage L’espèce humaine dans lequel il soulignait que le but du nazisme avait été de détruire ce que l’Homme peut avoir d’irréductible dans son individualité. Avec le projet qui se met en route et qui va chercher à manipuler l’individualité des enfants, c’est la destruction du genre humain qui est en jeu. L’humanité comme capacité de générer de la vie à partir d’un homme et d’une femme va être remise en question. Déjà, il y a des essais de fabrication d’un utérus pour les hommes, qui sont faits aux États-Unis. Cela fait là encore froid dans le do

Q-Quel projet de société y a-t-il derrière tout cela ?

BV- Nous allons vers une société totalement athée et transhumaniste dans laquelle il n’y aura pas simplement évacuation totale du sacré et de la transcendance mais de la notion même d’Homme. Il y a des années de cela, Philippe Sollers a dit au cours d’une émission de télévision, qu’il souhaitait l’avènement d’un monde où les femmes n’auraient plus à mettre les enfants au monde, ceux-ci étant fabriqués en laboratoire par la science. Nous y sommes. Très vite, avec les progrès de la science, il sera possible de faire des enfants sans passer par le corps de la femme. L’humanité ne va plus accoucher de l’humanité à travers le corps d’une femme mais à travers le corps de la science. La mort de l’Homme évoquée par Foucault à la fin des Mots et les choses est notre devenir.

Q-Quelles conséquences cela va-t-il provoquer ? Se dirige-t-on vers une société de l’indifférencié ?

BV - "Entre autres. En Norvège, une école s’est montée dans laquelle il est interdit de différencier les petites filles et les petits garçons. Résultat, tous habillés pareil, tous coiffés pareils, tous avec des prénoms neutres du genre Dominique ou Claude, ils sont effectivement indiscernables. La théorie du genre imposée dans les écoles dès la rentrée prochaine va conduire à la destruction progressive de la différenciation sexuée, cette destruction conduisant à un totalitarisme inédit.

Un totalitarisme soft, souriant, tolérant, friendly, amical, sociétal, mais un totalitarisme quand même sous la forme d’un monde qui obligera par différents moyens à penser comme il faut afin que l’ordre du "pour tous" soit respecté.

Hier Le meilleur des mondes d’Haldous Huxley était un roman. Dans le monde qui se prépare, ce ne sera plus un roman mais la réalité".

Il est en train de s'opérer une grave confusion entre genre et pratique.
Avant d’être une pratique, l’hétérosexualité est un genre et pas une pratique, alors que l’homosexualité est une pratique et non un genre.
La preuve : pour être homosexuel, il faut d’abord être homme ou femme.
Si demain, au nom de l’égalité, tout est mis sur le même plan, la pratique particulière dictant ses lois au genre, un processus dangereux va s’engager à savoir celui de la disparition à plus ou moins long terme de la différence sexuée. On va alors assister à un effet dictatorial. Pour que les homosexuels puissent exercer leur droit à l’égalité, l’humanité va être interdite de faire une différence entre homme et femme, voir dans l’hétérosexualité un fondement et non une pratique étant considéré comme une pratique discriminatoire. Une nouvelle humanité va voir alors le jour. Nous vivions jusqu’à présent dans un monde marqué par la différence. Nous allons connaître un monde nouveau fondé sur l’indifférenciation. Quand on sait que la différence est le propre du vivant et l’indifférencié le propre de la mort, un principe de mort va désormais servir de principe pour guider l’humanité.

Le mariage gay ou la dictature de la confusion. Bertrand Vergely, philosophe et théologien français

Première partie de la conférence de Bertrand Vergely le 25/09/2013

Seconde partie de la conférence de Bertrand Vergely le 25/09/2013

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