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Homosexualité à l'école : ne pas en faire une parole militante

28 Janvier 2014 Publié dans #A l'école, #L'ABCD

Homosexualité à l'école : ne pas en faire une parole militante

On sait que l'un des trois axes de l'ABCD de l'égalité, dispositif lancé dans 600 classes de primaire et de maternelle de 10 académies depuis la rentrée dernière, est de "lutter contre l'homophobie", ce qui implique évidemment de parler aux enfants d'homosexualité. La journaliste Caroline Beyer a interrogé Christian Flavigny sur ce sujet. Christian Flavigny est pédopsychiatre, directeur du département de psychanalyse de l'enfant et de l'adolescent, à l’hôpital de la Pitiè-Salpétrière à Paris.

LE FIGARO. - Faut-il selon vous parler davantage d'homosexualité aux enfants?

Christian FLAVIGNY. - L'homosexualité est "la" question sociétale d'aujourd'hui. Légitimement, notre vie sociale veut rétablir le respect de la vie affective et sexuelle de chacun.

Mais ce n'est guère la question de l'enfant. Ce qui l'intéresse, c'est la relation entre son papa et sa maman: qu'est-ce qui a animé leur rencontre, qui porta ma venue au monde, qu'est-ce qui en a fait le désir?

La vie homosexuelle ne lui importe guère.

Il se référera, là comme ailleurs, à l'opinion de ses parents: si ceux-ci respectent chaque manière de vie affective, l'enfant y souscrira.

À condition que les adultes n'aillent pas jusqu'à prétendre que cette relation serait identique à l'union homme-femme au plan de la venue des enfants… Commencerait alors la confusion, celle instaurée par la légalisation du mariage homosexuel.

Le recours à des ouvrages tels que "Dis… mamans", ne se justifie-t-il pas, sachant que des écoliers sont issus d'une famille homoparentale?

Un recours systématique à ce type d'ouvrages serait déraisonnable: le risque est d'en faire une parole militante. Par ailleurs, ce n'est pas à l'école, mais bien à la maison que se créent les repères intérieurs. C'est dans son lien avec le parent que l'enfant construit l'estime de soi.

Quel est le rôle actuellement joué par l'école sur ces questions?

On tente de réparer à l'école les dégâts entraînés par la décomposition activement organisée des repères familiaux.

D'abord pour justifier que les lois aient bradé le principe pivot de la vie affective de l'enfant, la famille n'étant plus définie depuis l'union fondatrice d'un père et d'une mère, mais comme un simple rassemblement éducatif.

Dès la crèche, la prétention des adultes d'influer sur le jeu des tout-petits sous le prétexte de lutter contre des «stéréotypes sexistes», reflète l'incompréhension de la fonction identificatoire du jeu des enfants.

C'est dans ces jeux que s'élabore leur identité sexuée par la référence au parent du même sexe, le garçon dans l'aiguillon de la rivalité au père où se façonne le masculin, la fille dans le partage qui tôt s'ébauche avec sa mère des enjeux de la féminité-maternité.

Pourquoi la notion de genre fait-elle selon vous son entrée dans l'enceinte scolaire?

Les sociétés ont, comme les enfants, besoin de se sentir bonnes.

C'est la raison de toute idéologie, et notamment de la théorie du «gender», qui est la thèse promue pour se garantir de n'être pas une société homophobe.

Il fut salutaire de contester la théorie naturaliste traditionnelle, qui faisait des homosexuels des déviants.

Mais la théorie du «gender», prenant son contre-pied, bascule dans l'excès inverse: pour que tout ne soit plus défini par le corps, oublions que le corps est pour chacun une donne de départ, dont l'enjeu de la vie affective est de se l'approprier.

Autant l'enseignement de cette théorie aurait sa place s'il permettait aux jeunes de réfléchir sur les abus du passé dans une démarche critique, autant il est aberrant s'il leur assène une vérité à entériner.

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E
Il me semble qu'on n'a pas gagné la &quot;lutte contre l'handiphobie&quot;. Qui est bien plus générale que celle qu'on prétend gagner par ces ABCD.<br /> En particulier la &quot;trisophobie&quot;.<br /> Mais ça n'a guère l'air d'être la préoccupation du moment.<br /> Comme c'est bizarre...
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S
Vous avez parfaitement raison. Tout ça procède pourtant de la même logique: s'en occuper c'est être moins libre de faire et d'être ce qu'on veut, quand on veut, comme on veut qui sont les principes de l'idéologie du genre.<br /> Les handicapés, les vieux (mais aussi le foetus dans le ventre de sa mère), on veut pouvoir les éliminer parce qu'ils nous prennent de l'énergie, du temps, des ressources financières. C'est tout ensemble une culture de mort; l'idéologie du genre promeut l'individualisme, sous le mensonge de ce qu'ils appellent l'égalité, mais qui n'est en fait que le désir que tous soient identiques, indifférenciés, sous le prétexte que chacun puisse choisir son genre sans avoir été marqué par des stéréotypes !<br /> Je pense que la plupart des enseignants n'en sont même pas conscients.