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Les nouveaux manuels : petit essai de propagande !

13 Juin 2016 Publié dans #A l'école

Quand on parle aux enseignants de la "Réforme du collège" voulue par Najat Vallaud Belkacem, on s'aperçoit vite qu'une très grande majorité d'entre eux sont opposés à l'utilisation des nouveaux manuels, sortis trop vite, bâclés, et bourrés de propagande.

Qu'on en juge: Marie-Estelle Pech a écrit l'article suivant pour le Figaro, le 24 mai dernier. Il s'agissait d'exercices proposés aux élèves, qui devaient réaliser une "revue de presse".

"Dans le cadre d'un exercice pour la semaine de la presse à l'école, un des nouveaux manuels scolaires prévus pour la rentrée 2016, évoque..... la réforme du collège !

Et propose une comparaison entre deux articles, l'un du Figaro et l'autre de Libération.

Une «provocation» pour certains enseignants hostiles à la réforme.

Les nouveaux manuels : petit essai de propagande !

Cet exercice de "revue de presse" irrite sur les réseaux sociaux certains enseignants opposés à la réforme du collège.

Cet exercice de deux pages, tiré d'un manuel d'histoire-géographie et d'éducation morale et civique de 4ème, propose aux élèves de comparer les «unes» de deux journaux traitant de la réforme du collège.

Le Figaro titre à ce sujet "Najat Vallaud-Belkacem devra-t-elle reculer?" quand Libération écrit: "Et si elle avait raison?"

"En France, le pluralisme de la presse permet une grande diversité dans le traitement de l'information", indique l'exercice, censé être utilisé dans le cadre de la semaine de la presse à l'école. Pendant cette semaine, l'idée est de former le jugement critique des élèves et de développer leur goût pour l'actualité.

Les nouveaux manuels : petit essai de propagande !

Sur Facebook, sur Twitter et sur des sites communautaires d'enseignants, certains voient rouge depuis la semaine dernière. "Comment manipuler les gamins !" lance l'un d'eux.

"Les gamins peut-être mais pas nous qui pouvons encore ne choisir aucun des manuels propagandistes!", rétorque une enseignante.

"J'ai cru à une blague! Encore une provocation du ministère", lit-on encore.

Certains vont même jusqu'à dénoncer un "manquement à l'obligation de neutralité".

Une affirmation qui ne tient pas (Ah bon ? NDLR) puisque les contenus des manuels sont exclusivement décidés par les éditeurs. Le ministère de l'Éducation nationale, qui a validé une réécriture des programmes scolaires en novembre 2015, n'a pas de droit de regard sur la façon dont ils sont déclinés concrètement par les éditeurs (oui mais les éditeurs peuvent être complètement "fayots", NDLR).

«Un choix de sujet fortement maladroit»

Pour Jean-Rémi Girard, vice-président national du Snalc, syndicat d'enseignants opposé à la réforme du collège, il s'agit "d'un exercice on ne peut plus classique de comparaison de journaux. Mais le choix du sujet est quand même fortement maladroit. Cela peut être ressenti comme une provocation par les opposants à la réforme. Cela motivera sans doute certains à ne pas choisir ce manuel. Mais il n'y a pas vraiment matière à polémiquer…", estime-t-il.

Christian Chevalier, du syndicat Unsa, favorable à cette même réforme, ne voit pas "pourquoi, d'un point de vue démocratique, on s'interdirait de parler de cette réforme dans les manuels. L'exercice relève de l'éducation civique et donc de la vie citoyenne. Tous les sujets d'actualité sont traités pendant la semaine de la presse à l'école. On pourrait tout autant parler de la façon dont on parle des questions de «genre», de l'élection présidentielle, de Nuit Debout ou de la guerre en Irak au Figaro et à Libération. Aucun sujet politique n'est a priori tabou. Cette polémique n'a pas lieu d'être", affirme-t-il.

Regard acéré

Pour le reste, rappelle-t-il, les manuels ne sont que des "outils" pour l'enseignant qui est libre de ne pas utiliser cet exercice s'il le juge peu judicieux ou s'il n'est pas à l'aise…L'enseignant est aussi libre, dans le cadre de sa liberté pédagogique de ne pas choisir ce manuel. Depuis le début du mois de mai, les professeurs reçoivent les "spécimens", c'est-à-dire les versions provisoires des manuels scolaires qui seront imprimés cet été. Ce sont, eux, dans chaque collège qui décident après concertation qui de Belin, Magnard, Hatier ou Bordas remportera le marché dans telle ou telle discipline. "Et ils ont un regard particulièrement acéré", affirme Sylvie Macé, présidente du syndicat national des éditeurs et dirigeante de Belin, selon qui les adresses mails des éditeurs sont pleines de messages d'enseignants agacés qui par une coquille, qui par une maladresse.

"Tous sont examinés avec attention. Les spécimens envoyés aux professeurs ne sont que de premières versions. Une bonne partie des "couacs" traqués par les professeurs seront corrigés par les éditeurs avant impression. La chasse aux couacs est un exercice facile que les gens adorent. Et qui s'est accentuée avec les réseaux sociaux. Certes, personne n'est à l'abri d'une erreur sur plusieurs milliers de pages", indique-t-elle, rappelant qu'une centaine de nouveaux manuels de collèges atterrissent en ce moment dans les salles de classe. Et d'affirmer que les manuels sont "d'excellente qualité en dépit du temps exceptionnellement réduit que nous avons eu pour les rédiger".

Marie-Estelle Pech

Ca, c'était l'article de Marie-Estelle Puech. Il n'empêche qu'on peut ne pas être d'accord.

D'abord, d'excellente qualité, les manuels ? Ca nous semble normal que ce soit l'avis des éditeurs, qui sont juges et parties dans ce cas.... mais ce n'est pas du tout l'avis de la majorité des enseignants !

Ensuite, un enseignant favorable à la réforme (il y en a ! souvent désireux d'obtenir un avancement plus rapide, par exemple !) influencera évidemment les élèves pour qu'ils se montrent favorable à cette réforme, en essayant de dissimuler tout ce qu'elle a d'intrinsèquement mauvais (nivellement par le bas du niveau scolaire, disparition d'une majeure partie de ce qui fait la culture française, développement de l'égalitarisme au détriment de la véritable égalité, volonté de faire disparaître une certaine élite, etc...). L'école est faite pour exercer les élèves à développer leur esprit critique, non pour formater leur esprit au politiquement correct: les sujets polémiques -comme ceux-ci- doivent donc évidemment être évités.

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