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Au sujet des différences filles-garçons

15 Janvier 2014 , Rédigé par En aparté - Gaëlle Picut Publié dans #L'ABCD

Au sujet des différences filles-garçons

Voici un extrait des réflexions que nous livre Gaëlle Picut, journaliste et blogueuse, concernant les différences entre filles et garçons, sur le site http://www.en-aparte.com qu'elle a créé en octobre 2008, site consacré à la conciliation vie privée/vie professionelle et aux valeurs autour du travail.

"Autant les affirmations péremptoires et généralistes telles que :

  • les femmes seraient de par leur « nature biologique » bavardes et incapables de lire une carte routière…
  • les hommes, eux, seraient naturellement bons en maths et menteurs…

....m’horripilent et me laissent très sceptiques, autant il y a des observations qui m’interrogent.

Serge Ginger (psychologue et psychothérapeute, décédé à Paris le 1er Novembre 2011) évoquait par exemple le fait que les petits garçons semblent naturellement attirés par les petites voitures, par tout ce qui roule.

Or j’ai pu constater moi-même que mon fils tout jeune était passionné par les roues, les voitures, les grues dans la rue, alors que mes filles pas du tout ! Et pourtant, je ne pense pas que ni moi, ni mon mari, avons dit à notre très jeune fils « regarde ces voitures, regarde ces grues, c’est passionnant ! ».

Alors bien sûr, je sais que certains garçons ne sont pas du tout attirés par les petites voitures et certaines filles pas du tout attirées par les poupées (ce qui fut le cas d’une des miennes) mais il n’empêche que certains de leurs comportements, dès leur très jeune âge, ne me semblaient pas relever de l’acquis mais plutôt de l’inné.

Serge Ginger dit : «Le choix des jeux et des jouets des garçons et des filles est lui aussi conditionné par la biologie. Il l’est aussi par l’éducation, dans la mesure où ce qu’on offre aux enfants influe sur leurs préférences. Mais dès la naissance, il existe des différences : les garçons sont attirés par tout ce qui bouge, le mouvement (les petits trains, les voitures) ; alors que les petites filles sont attirées par ce qui implique du contact (les poupées, ce qui est souple, etc.). De même lorsqu’on pose un ballon par terre, un petit garçon shoote dedans, alors qu’une petite fille va ramasser le ballon et le serrer contre son cœur. Ceci n’est pas généré par l’éducation, on ne l’a pas appris. Mais spontanément, pour des raisons hormonales, une petite fille va être amenée à serrer un objet qui est par terre contre son cœur».

Je suis intimement convaincue que les interactions entre l’inné et l’acquis, le génétique et l’environnement sont complexes et bien réelles. Cela ne veut pas dire qu’il existerait un déterminisme rigide, lié au biologique. Mais dans cette dénonciation contre le déterminisme biologique, ne serait-on pas allé trop loin dans le primat culturel et éducatif ?

Et enfin, je me pose une autre question : est-ce que le fait de reconnaître qu’il existe des différences dans les comportements, des spécificités liées à la biologie signifie obligatoirement que l’on introduit des inégalités, des injustices, des jugements et des hiérarchies de valeur (de supériorité ou d’infériorité), des discriminations ?

Pourquoi ces différences ne pourraient-elles pas être perçues comme des sources d’égalité, de complémentarité, de richesse, d’équilibre, de création ?

Et est-ce qu’au contraire la logique de l’indifférenciation et de l’égalitarisme à tout prix ne pourrait-elle pas être source de conflits et de souffrances, voire être contre-productive ?

Sur ce sujet l' interview de Jacques Arènes parue dans Psychologies me semble intéressante, dans laquelle à la question :

  • «C’est un paradoxe, nier nos différences nous éloignerait donc les uns des autres ?’,

il répond :

« Mieux vaut reconnaître nos différences que prétendre qu’elles n’existent pas et ne pas survivre aux tensions qu’elles engendrent ! Nier des réalités agissantes engendre une grande souffrance et une impossibilité d’avancer pour les uns et les autres. Autre danger : faire deux camps, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, et arrêter le jeu parce qu’il est trop difficile de s’ajuster. Ça, c’est la solution Houellebecq : vivre seul, consommer du sexe, se reproduire par clonage ! »).

Il y a là, me semble-t-il, une vraie question."

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